Matt Dawson sur Pollock : « Tu te demandes pour qui il se prend »

L’ex-demi de mêlée de l’Angleterre et des Lions britanniques et irlandais, Matt Dawson, a tenu à tempérer l’engouement autour de Henry Pollock. L’ancien international, 77 sélections avec le XV de la Rose, anticipe que la nouvelle star du rugby anglais, 20 ans, allait être dans le viseur dès le début de la tournée 2025 des Lions en Australie.

Pollock s’est retrouvé au centre de l’attention lors de la finale de la Champions Cup à Cardiff, où il s’est accroché avec Matthieu Jalibert et plusieurs joueurs de l’UBB après la victoire 28-20 de Bordeaux-Bègles sur Northampton.

Jalibert a expliqué après coup que l’altercation venait d’un manque de respect ressenti envers son club. « Les Anglais ont dit des trucs dans la presse qu’on n’a pas trop appréciés. Ils ont dit qu’on était un club de mercenaires qui ne sont là que pour l’argent. Je lui ai juste rappelé qu’ils ne connaissaient pas notre histoire, qu’ils ne savaient pas d’où on venait et qu’il fallait respecter tous les clubs. »

Pollock, auteur d’une saison remarquable avec Northampton, aurait été pris à partie par plusieurs Bordelais à la fin du match. « Ils lui sont tous tombés dessus », a témoigné l’ouvreur des Saints Fin Smith.

Dawson sur Pollock : « Imagine si tu n’es pas fan de Northampton ou d’Angleterre, tu te dis ‘Mais c’est qui ce… ?’ »

« Henry Pollock était particulièrement affecté, car c’était injustifié. Il a réagi, et les officiels m’ont assuré qu’ils allaient s’en occuper », a ajouté l’entraîneur du club anglais Phil Dowson.

Cet épisode renforce la pression sur Pollock, sélectionné par Andy Farrell pour la tournée des Lions après sa saison fracassante avec les Saints. Le troisième ligne s’est distingué par ses turnovers, sa vitesse, son sens de l’essai (notamment lors de sa première sélection lors du Tournoi des Six Nations) et sa performance en demi-finale européenne contre le Leinster.

Mais Matt Dawson, trois fois Lion et champion du monde avec l’Angleterre, prévient que la médiatisation et les attentes croissantes feront de Pollock une cible pour les adversaires et la presse australienne.

« Imagine si tu n’es pas fan de Northampton ou de l’Angleterre, tu te dis ‘Mais c’est qui ce…’ Tu peux ajouter ce que tu veux, mais tu te demandes pour qui il se prend », a lancé Dawson sur la BBC.

« Apparemment, des joueurs comme [Maxime] Lucu envoyaient la photo de Pollock à leurs coéquipiers pour dire ‘c’est celui-là qu’il faut cibler’. Il va être l’homme à abattre, il ne faut pas l’oublier, et ça ne changera pas. Imagine les gros titres en Australie, la presse locale va lui tomber dessus. »

Dawson insiste : une tournée des Lions en Australie est un défi à part, et la pression médiatique, physique et mentale peut vite ramener sur terre.

« J’espère, bizarrement, qu’il va réaliser très vite que le rugby, c’est compliqué, ce n’est pas juste marquer deux essais pour ses débuts ou faire le show en demi-finale. Peut-être que ça servira aux Lions, qui sait. » Et à Henry Pollock, surtout.

Cet article a été publié en anglais sur RugbyPass.com et adapté en français par Jérémy Fahner.